
Un mur pour dire au Monde
Mercredi 11 Juin – 19h30
Le 7.5 ouvre ses portes à France Hervé pour sa performance CATCH CAFFEINE CAPE.
Dans le cadre de la session Las Cataratas sur le thème de la gestion des déchets, cette performance manifeste l’ambivalence d’un monde en proie à l’interdépendance entre consommation et surproduction, protection et agression, véracité et déni
A propos de la performance :
Au Mexique, La Lucha Libre est plus qu’un sport théâtral spectaculaire, c’est un mythe. Fête rédemptrice intergénérationnelle, véritable thérapie sociale libérant cris, huées, sifflets, le public participe en tant que protagoniste de l’œuvre.
L’enjeu est bel et bien phénoménal: il s’agit de la lutte du bien contre le mal: la confrontation constante des Rudos (les mauvais) et des Tecnicos (les gentils). Le caractère bipartite à priori trivial de la Lucha Libre, devient un vibrant ressort de méditation. La problématique écologique universelle peut-elle encore longtemps se contenter de demi-mesure? Et c’est bien en quoi, cette lutte est complexe à tenir au quotidien pour nous autres, humains… En d’autres termes: Qui fait Quoi et Quoi fait Qui ?
CATCH CAFFEINE CAPE manifeste l’ambivalence d’un monde en proie à l’interdépendance entre consommation et surproduction, protection et agression, véracité et déni.
L’artiste a créé une cape sculpturale réalisée à partir d’emballages de paquets de café récoltés en quelques jours auprès des cafetiers de Paris. L’aluminium peut potentiellement se recycler à l’infini, mais enserré dans un film plastique, il est voué à l’incinération et à l’enfouissement générant de majeurs dépôts toxiques, néfastes à nos écosystèmes.
Exposée seule et déployée contre paroi, cette cape de parade (moulée à l’envergure de ses épaules), fait office d’ex-voto.
Activée et endossée sous les encouragements du public, l’artiste transformée en luchador affronte ces déchets au cours d’un combat intense dont l’issue semble plus qu’incertaine. La densité de cette masse composite, la paradoxale légèreté fuyante de chaque pièce, la surface glissante qui se dérobe sous les pas de la combattante, l’impossibilité d’en contenir en masse contre son corps… Autant de paramètres susceptibles de faire jeter l’éponge avant le gong final.
La tension est à son comble, l’odeur de café remplit progressivement l’espace tandis qua la voix de l’arbitre stimule les spectateur.ices à se demander :
Qui sortira vainqueur de cette lutte ?
Cette performance active un matériel de l’artiste Julie Genelin intitulé « Calendrier, fragment d’une sculpture » d’abord présenté sous forme de mur (Diplôme Beaux-Arts de Paris, 2006) et qui revêt depuis d’autres formes et en des dimensions variables. Ce sont des centaines de kilos d’emballages, qu’elle collecte, lave et répertorie depuis 2007. Ce projet a basculé dans ce qu’il met en question : d’une dimension romantique basée sur l’observation de la cohabitation d’une date de « péremption » (avec jour, mois et année, liée à nos rituels humains) avec l’image sérielle et industrielle de l’emballage alimentaire; le projet est devenu l’incarnation du 6ème continent à l’échelle d’une personne.
France hervé
France Hervé est une artiste pluridisciplinaire qui conjugue arts vivants et arts plastiques, tant dans sa formation que dans sa pratique.
En tant qu’interprète, elle a participé à de nombreuses créations et tournées internationales dans des domaines variés : danse, théâtre, théâtre musical, opéra, théâtre de rue, radio, cinéma, télévision et concerts.
Metteuse en scène et chorégraphe, elle est autrice de plusieurs pièces primées qui articulent le texte à la perception et à l’intégration du mouvement – qu’il s’agisse du corps, du mobilier scénique, des lumières ou des paysages sonores et virtuels. Explorant formats et médiums, ses collaborations avec des artistes de tous horizons, ainsi qu’avec des scientifiques, historiens, galeries d’art et musées, nourrissent une recherche artistique aux formes multiples.
En tant que performeuse, plasticienne et réalisatrice, France Hervé interroge notre rapport à l’origine du vivant. Elle s’intéresse en particulier à ce que la notion – intraduisible – d’atomes crochus peut révéler de nos comportements environnementaux et sociaux, mais aussi de nos corps traversés et traversants.
Elle enseigne actuellement à la Via Ferrata (Beaux-Arts de Paris) et à l’École supérieure de théâtre d’Asnières (ESCA).
La performance de France Hervé s’intègre dans une session globale sur le sujet de la gestion des déchets. L’artiste Carmela Uranga présente ses oeuvres au 7.5 pour l’occasion, et l’autrice Lucie Taïeb intervient le 27 mai afin d’aborder la question de ces invisibles qui nous hantent.