Atelier Jardin

Charlotte van kemmel

quelqu'un doit rester pour raconter l'histoire

avril 2024

“Quelqu’un doit rester pour raconter l’histoire”, ce titre donné par l’artiste elle même, incite à penser, que c’est la mémoire de son lieu de résidence, ces souvenirs encore très présents et passés, ainsi que la présence des artistes l’ayant précédés, mais aussi des habitants anonymes ou illustres de la maison, qui vont l’inspirer.

De Victor Hugo qui y a passé son enfance, à Hélène Berr qui l’évoque dans son journal comme un lieu de beauté et de sérénité pendant l’occupation, de la Jungle Urbaine de Simon DK ou encore de Chaosmos d’Yseult Perrault, les sources d’inspiration sont riches et multiples. Petites et grandes histoires se mêlent pour produire des œuvres légères et ludiques, mais aussi, absurdes, grotesques et oniriques. 

En effet, l’artiste se nourrit des expériences du monde qui l’entoure. En entrelaçant autobiographie, imagination et observation, elle extrait et invente en incorporant ses lectures et ses aventures dans ses gouaches et peintures. Dans le cadre de cette résidence au 7.5 club, l’artiste mène ainsi et entre autres choses un travail de recherche autour de l’histoire du lieu.

Charlotte Van Kemmel est une artiste pluri-disciplinaire à la fois plasticienne, performeuse et comédienne. Diplômée en 2023, avec les félicitations du jury d’un DNSEP des beaux-arts de Caen, elle est aussi diplômée du Cour Florent. Elle a obtenu en 2024 l’aide à la création de la ville de Caen. 

« Je puise dans le monde qui m’entoure, ce que je connais. J’utilise mon expérience pour examiner les concepts de communauté, de corps et d’intimité mêlant autobiographie, imaginaire et observation et en dégager des saynètes absurdes, grotesques, frontales ou oniriques. Je peins la figure parce que je connais le monde à travers mon corps. Et je comprends mes désirs et mes angoisses à travers mon corps et les désirs et angoisses de notre culture. Je pense que le corps peut contenir tellement de choses, il peut être un site pour simplement explorer le dessin car il peut contenir des significations.

Mes dessins de scène de groupe sont autant de fantasmes et d’idéaux autour de la communauté. C’est mon projet idéal d’une vie ensemble et solidaire. Il y a aussi des petites choses quotidiennes des gens qui dorment dans les halls des musées, hall de gare, dans le métro par exemple. J’aime rapprocher profane et sacré un doigt cure un orteil dans l’herbe que je m’amuse à mettre en lien avec un mudra.

Mes sculptures en céramique, métal, carton et plâtre sont autant de gueules cassées enfermées dans le crip time. Elles sont en position d’attente d’un diagnostic à l’hôpital, d’être accueillies dans un groupe peut être… Je joue à les intégrer comme des spectatrices des gouaches dans lesquelles leurs corps trop grands ne peuvent être contenus. Ce sont des outsiders, des estropiés, des marginaux, des rebus de la société dans l’espace d’exposition dans mon crip time que je vous offre.

Dans les installations j’assemble céramique, objet indifférent et vidéo et je cherche à créer une narration simple comme une tête regardant un bras, le corps est à côté comme un dédoublement oscillant entre découverte, hallucination et angoisse. Les vidéo-performances  qui sont des auto-stimulations dans lesquelles je m’adresse au spectateur, racontent frontalement le lien entre les éléments de l’assemblage.

Je tente de donner une image de l’époque à travers nos existences et à transmettre un sentiment de liberté de plaisir, d’humour et de joie. C’est ce que m’inspirent les artistes contemporaines Ulla Von Brandenburg, Monster Chetwynd, Nicole Eisenman et Amy Sillman qui jouent avec la technique, la forme, la couleur dans la manière de déployer la peinture, le dessin, la performance, les films, la sculpture et de restituer des sensations sans limites. »